En âge préscolaire, on n’enseigne pas la musique : l’enfant l’apprend de manière autonome si celle-ci devient un vecteur de communication au sein d’une relation éducative.
En avance sur les recherches scientifiques qui ont ensuite montré l’existence des neurones-miroirs (G. Rizzolatti, 1990) et l’importance de l’imitation dans le processus d’apprentissage, Edwin E. Gordon a toujours parlé de modèle, d’exemple direct : l’enseignant doit mettre en acte ce qu’il veut que l’enfant apprenne.
Pour les enseignants qui appliquent les principes de la Music Learning Theory, cela signifie se comporter comme les parents se comportent avec l’enfant dans le langage :
- établir une relation authentique avec l’enfant, entrer en contact avec lui, notamment à travers le regard ;
- chanter pour communiquer avec l’enfant et non pas pour le divertir ;
- écouter les sons spontanés que l’enfant émet, les imiter, les remettre dans le contexte musical ;
- se bouger de manière expressive, en laissant l’enfant libre de se déplacer spontanément.
L’enfant est donc guidé dans l’apprentissage de manière informelle, selon un principe analogue à celui de l’« éducation indirecte » dont parlait Maria Montessori et à celui de la «zone proximale de développement» du psychologue russe Lev Vygotski.
Ce guidage informel se fait par le biais de pratiques éducatives spécifiques qui permettent à l’enfant d’absorber la musique de l’adulte et d’apprendre de manière autonome et naturelle.
L’adulte est un modèle de musicalité: il recueille les propositions de jeu musical spontané de l’enfant et il en respecte modalités et temps d’apprentissage, sans le pousser à apprendre ni exiger de lui des prestations sur des compétences acquises dans le court terme.